D’abord, j’ai rencontré les écritures d’Anne-Marie Gbindoun : des signes automatiques à l’encre de chine sur papier, un papier particulier qu’elle choisit avec soin, et qui dessinent des trajectoires élégantes et des silhouettes essentielles de corps et de visages.
Après, j’ai rencontré l’artiste et ses toiles. Les toiles d’Anne-Marie Gbindoun naissent de la juxtaposition de plusieurs couches de peinture à l’huile et de pigments purs jetés directement sur la toile, entre lesquelles, plus ou moins discrètement, on voit surgir des figures humaines.
Toile après toile, tout comme page après page, Anne-Marie Gbindoun déroule les formes de sa mémoire, une mémoire prouvée d’un passé lourd. Il s’agit de souvenirs et de rêves toujours liés à l’image d’un corps humain, sujet qui constitue le thème central de son œuvre entière.
Toutefois il ne s’agit pas d’une peinture figurative : Anne-Marie Gbindoun, en fait, avec la délicatesse et l’équilibre qui lui appartiennent arrive à s’éloigner d’une peinture purement figurative. La figure humaine est toujours présente mais elle demande d’être reconnue et cherchée entre les signes scripturaux de ses pages et les couches de peinture de ses toiles.
L’artiste même, découvre ses figures après les avoir peintes et écrites et c’est toujours une surprise qui nait de l’inconscient : la même surprise qui étonne et charme le spectateur qui regarde ses œuvres.
L'homme est naturellement le lieu des images.
Hans Belting
D’œuvre en œuvre, Anne-Marie Gbindoun raconte son histoire personnelle : l’histoire d’un corps et des images qui le peuplent.
Marta Spagnolello, Dottoressa in Storia dell’arte Università degli Studi di Torino, Avril 2016